Quand l’Espagne joue dans un monde à part: le miracle durable de La Roja
15 octobre 2025
Espagne: une domination qui semble venir d’un autre monde
L’entraîneur géorgien Willy Sagnol, Français, exprime ce que répètent beaucoup d’entraîneurs: l’Espagne évolue dans un univers distinct, quasi parallèle au reste du football. Ce sentiment de décalage s’est renforcé en regardant les Roja en action, qui paraissent jouer sur une autre planète tactique et technique.
Après avoir vu l’Espagne en troisième rencontre menacer d’inscrire huit ou neuf buts contre la Géorgie, puis écraser la Bulgarie 4-0, on peut parler d’un record historique: 29 matches officiels sans défaite, une épopée qui rappelle la constance des meilleures équipes du monde.
Selon ESPN, ce chiffre résonne comme un écho à la génération dorée menée autrefois par des tutelles telles que Iker Casillas, Xavi, Iniesta, Busquets, Alonso, Puyol, Alba, Ramos, Villa et Torres. Le parallèle n’est pas anodin: même sans ces noms, l’Espagne continue d’écrire son histoire avec le même esprit collectif.
Est-ce le signe d’une nouvelle ère dorée pour le football espagnol ? Les lecteurs se posent la question, et les faits semblent y répondre par l’affirmative: l’équipe actuelle ne se contente pas de gagner, elle offre du spectacle et de la maîtrise, même lorsque des starlettes apparaissent au grand jour à chaque match.
Pour les deux derniers matches de qualification mondiale, l’Espagne pouvait sans doute aligner une équipe de titulaires absents, en partie démultipliée par l’effet des blessures et des choix tactiques. Gardiens: Juan Garcia, David De Gea; défense: Dani Carvajal, Din Huysen, Pau Torres, Nacho, Alejandro Baldy, Iñigo Martínez; milieu: Rodri, Fabian Ruiz, Marc Casado, Dani Olmo, Isco, Ferran Lopez; attaque: Lamine Yamal, Morata, Ayoze Perez, Joselu, Nico Williams. Même avec ce déferlement de noms, l’idée demeure que l’ossature demeure prête à reprendre le flambeau à tout instant.
Et pourtant, si l’on regarde la réalité du terrain, on comprend que ce collectif peut gagner même sans ses pièces les plus connues. « Quelle autre équipe du monde peut perdre autant de joueurs de haut niveau et continuer à exceller ? » semble être la question qui s’impose d’elle-même.
Lors du dernier rendez-vous sur la côte sud-est, le portier géorgien Mamardashvili a notamment sauvé son équipe d’un score bien plus lourd que 9-0, rappelant que la maîtrise espagnole n’est jamais synonyme de victoire sans contestation possible pour l’adversaire, même lorsque l’adversité est grande.
Quand Sagnol a été interrogé sur la raison de cette hégémonie et de cette profondeur de banc, il a évoqué les années 80-90: une période où l’Espagne était belle à voir, mais pas forcément victorieuse; aujourd’hui, le succès est le fruit d’un plan et d’un travail méthodique s’étalant sur plus de 20 ans, mené par l’organe fédéral du football espagnol.
Il a cité Pedri: mince comme une plume, pourtant considéré parmi les trois meilleurs joueurs du monde, car chacun de ses gestes sert le collectif: mouvement, appel du ballon, création d’espaces. L’inférence est claire: l’intelligence plaisante plus que la force brute et est devenu le moteur principal de la Roja.
« L’Espagne produit des joueurs dotés d’une intelligence footballistique exceptionnelle », poursuit Sagnol. Même lorsque six ou sept titulaires manquent, le système et les remplaçants répondent avec la même exigence et le même style de jeu. C’est là une des facettes les plus marquantes de cette réussite continue.
Au cours des quatre dernières années, l’Espagne a atteint des demi-finales européennes, obtenu une médaille d’argent olympique, été finaliste de la Ligue des Nations et s’est hissée jusqu’aux phases avancées de la Coupe du Monde, avant de remporter l’Euro et de briller encore lors des compétitions suivantes. Si l’on devait comparer cela à un sport mécanique, on dirait que le moteur ne tombe jamais en panne: la fiabilité est impressionnante.
Si l’on emprunte l’image d’un cheval de course, l’Espagne avance sans cesse du troisième au premier rang, en enchaînant podiums et performances, supportée par une chose simple mais puissante: la constance du travail et du sens du collectif.
Et selon De La Fuente, l’utilisation de plus de 63 joueurs sur cette période témoigne d’un vivier impressionnant, capable de fournir des solutions dès que les circonstances l’exigent. Pour un spectateur, cela ressemble à une démonstration: même sans star, l’équipe est prête à tirer les ficelles du destin.
Dans une interview relayée après la victoire 4-0 sur la Bulgarie, un joueur de Leeds United a expliqué la difficulté de jouer contre l’Espagne: « C’est extrêmement dur. On ne peut presque pas toucher le ballon; ils le bougent si vite que tout le monde se retrouve à courir après. Ils sont les plus intelligents du monde. Tout est simple et astucieux; faire face à eux est épuisant. »
En écoutant ce témoignage, on comprend que l’Espagne n’impose pas seulement une manière de jouer: elle impose un niveau mental et collectif qui transforme chaque match en une démonstration de précision et d’efficacité.
Pour finir, Sagnol rappelle que la grandeur espagnole n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’un système pérenne. En Espagne, les années 14-15 ans ne marquent pas une fin, mais le début d’un entraînement rigoureux et d’un encadrement qui façonne les talents jusqu’à la maturité. Le constat: le mélange de discipline et de talent est devenu la norme, et ce n’est pas près de s’arrêter.
Et pour clore sur une note légère: si l’Espagne joue dans un monde à part, c’est peut-être parce qu’ils ont trouvé la clé du temps—un peu comme si leur horloge arrêtait de tourner, mais pas leur précision. Blague de sniper: l’Espagne n’a pas besoin d’un plan B, le plan A est si solide qu’il porte même le plan B sur ses épaules. Deuxième punchline: quand les remplaçants entrent, c’est comme si le banc devenait l’équipe A—et le public, le sponsor le plus fidèle des trophées.