Curaçao écrit l’histoire: une qualification historique qui secoue le monde du football
20 novembre 2025
Contexte et qualification historique
Curaçao, petite île des Caraïbes marquée par l’influence hollandaise, a créé l’événement en se qualifiant pour la Coupe du Monde 2026 pour la première fois de son histoire. Avec 444 km² et un peu plus de 160 000 habitants, l’île, située au nord du Venezuela, devient le plus petit pays à atteindre une phase finale.
Comme repère, l’Islande avait réalisé ce même exploit en 2018 en Russie, alors que son pays ne compte que 340 000 habitants. Depuis son indépendance partielle en 2010, Curaçao est autonome dans sa politique mais demeure une partie du Royaume des Pays‑Bas, avec son propre texte constitutionnel, son gouvernement et son parlement. La nation est aussi décrite comme un paradis fiscal par l’OCDE.
Une amitié hollandaise et un défi mondial
La Curaçao actuelle subit une forte influence néerlandaise: tous les joueurs de l’équipe ont vu le jour aux Pays‑Bas et la formation alignée lors du nul contre la Jamaïque pour valider le billet mondial était entièrement composée de joueurs à double nationalité. L’entraîneur est le Néerlandais Dick Advocaat, 78 ans, recruté en 2024 après des pourparlers infructueux avec ses compatriotes Joss Hiddink et Louis van Gaal.
Advocaat, vétéran du métier, a connu une carrière longue et internationale, passant par l’Ecosse, l’Allemagne, les Émirats, la Corée du Sud, la Russie, la Belgique, la Serbie, l’Angleterre, la Turquie et l’Irak. Il disputera ainsi sa troisième Coupe du Monde en 2026, après 1994 avec les Pays‑Bas et 2006 avec la Corée du Sud, devenant le plus âgé des entraîneurs à atteindre ce palier.
Cependant, il n’a pas pu assister physiquement à la qualification historique de Curaçao en raison d’un retour en Europe pour une urgence familiale.
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Mission accomplie sous la bannière d’un groupe qui s’est révélé parfaitement préparé et soudé.
Un parcours sans faute
Tiré par Advocaat, Curaçao est devenu, malgré sa petite taille, une nation qui avance avec calme et assurance dans les qualifications CONCACAF. Le pays, classé 82e au ranking mondial, a affiché un parcours sans défaite sur 10 rencontres (7 victoires et 3 nuls) et n’a pas vacillé face à des adversaires plus habitués aux grands rendez‑vous du football.
Les lignes des joueurs restent majoritairement pistées en Hollande, avec une grande partie évoluant en Eredivisie, ce qui explique cette ambivalence entre jeunesse locale et maturité néerlandaise.
Selon Din Jorie, l’un des assistants d’ Advocaat et ex‑-footballeur d’Ajax, « tout commence par un rêve, puis il faut croire en lui, puis transformer cette foi en plan et le mettre en œuvre ». L’histoire retiendra que ce plan a porté Curaçao jusqu’au Mondial, même si l’avenir reste incertain et que le tirage de Washington, prévu le 5 décembre, les place potentiellement en pot 4 du Mondial 2026.
Des célébrations qui résonnent jusqu’en Hollande
La nouvelle a provoqué une onde de joie croissante aux Pays‑Bas, aucune plus forte que dans les villes où réside la diaspora caraïbe. À Rotterdam, près de 700 personnes se sont réunies dans une salle de fête pour fêter l’exploit, selon le journal Volkskrant.
Giovanca Martina, 39 ans, résumait l’émotion: « C’est un exploit indescriptible. En découvrant l’histoire de l’île et de nos ancêtres, on prend conscience de toute la souffrance mais aussi de toute la beauté: la nature, la culture, le peuple et le sport qui nous unit. »
Le roi Willem‑Alexander et la reine Máxima ont aussi salué l’événement via une publication sur X: « C’est merveilleux que deux pays d’un même royaume se retrouvent en Coupe du Monde; nous félicitons Curaçao avec fierté. » Le groupe holandais “Oranje” est déjà prêt à relever le défi, tandis que les Pays‑Bas, héritiers de trois finales mondiales manquées (1974, 1978, 2010), lorgnent sur une nouvelle campagne mondiale.