Le retour inattendu des longues touches : une arme secrète qui secoue la Premier League
29 octobre 2025
Le retour des longues touches comme arme offensive
Alors que les schémas modernes gagnent en complexité, les longues touches réapparaissent comme une option offensive majeure en Premier League. Longtemps considérées comme un choix basique réservé aux équipes physiques, elles reviennent aujourd’hui sous les projecteurs, portées par des analyses de données et par l’augmentation des remises dans la surface. Cette remise en contexte offre une autre dimension au jeu aérien et montre que même les gestes les plus simples peuvent devenir décisifs quand ils deviennent plus précis et plus ambitieux.
Après neuf journées de la saison 2025-2026, la ligue enregistre huit buts issus de rumeurs de touche, chiffre qui dépasse largement les moyennes historiques et suggère que le “sport de l’angle” retrouve de la vigueur dans un championnat résolument moderne. Le phénomène attire l’attention car il marie simplicité technique et innovation tactique, preuve que les entraîneurs n’hésitent plus à exploiter les ressources les plus basiques lorsque les données montrent une efficacité croissante.
Traditionnellement vues comme un outil “primitif” utilisé par des équipes moins techniques, les longues touches s’inscrivent désormais dans une logique de transition et d’accès rapide à la surface adverse. La Premier League prouve ainsi que les méthodes anciennes peuvent coexister avec les technologies les plus récentes, et que le terrain est un laboratoire où les motifs se redéfinissent sans cesse.
Selon les chiffres disponibles, toutes les équipes du championnat ont tenté au moins trois lancements de balle dépassant 20 mètres dans la zone adverse, ce qui fait grimper la moyenne des longues touches par match à 3,99 — soit une hausse spectaculaire de 162 % par rapport à la saison précédente (1,52 par match). Le total affole les compteurs et montre que les formations se montrent plus audacieuses dans l’exécution et l’emprise de ces situations fixes qui se transforment en occasions réelles.
Et même si la saison n’est pas terminée, le total des longues touches atteint déjà des niveaux supérieurs à ceux enregistrés pendant la saison 2020-2021, jouée à huis clos pour cause de pandémie. Cette explosion de l’utilisation montre une réhabilitation progressive de cette arme, qui avait été reléguée au rang de relique tactique et qui renaît sous une forme modernisée et plus précise.
Depuis cette période, le phénomène a connu une reprise progressive pour atteindre des chiffres records, franchissant les seuils qui avaient été établis lors de la saison 2018-2019 (ancien record autour de 1,67 en moyenne par match). L’évolution est donc moins une curiosité qu’un signe clair d’un tournant dans le jeu des angles et des services longs qui, mélangés à la force aérienne et à la permutation des joueurs, redessinent les dynamiques offensives.
Brentford en tête
Brentford mène le classement en fréquence de ces actions, avec 47 longues touches envoyées dans la surface, soutenu par une triplette d’experts: Michael Kaoudy, Mathias Jensen et Kevin Shadde. Cette capacité à créer des angles et des couloirs sur le côté permet à l’équipe de jouer des centres têtes et des décalages qui surprennent les défenses adverses et alimentent les attaques par des chemins peu usités auparavant.
Suivent Crystal Palace avec 38 touches, portées par Chris Richards et Jefferson Lerma, Sunderland avec 33 et Bournemouth avec 30. Et, de manière étonnante, toutes les équipes du championnat ont testé cette solution au moins une fois, ce qui témoigne d’une maturité tactique nouvelle et d’une certaine universalité du dispositif.
Sur le plan offensif, Crystal Palace se distingue par une efficacité supérieure: 34 % des centres trouvant un coéquipier, soit près du double de la performance observée chez Brentford. Cette réalité se traduit par un nombre de tirs élevé (18 tirs) et par une valeur attendue par ces situations (xG) de 2,03, niveau qui démontre que ces phases ne restent pas simplement décoratives mais apportent des retours concrets dans le tableau des scores.
Au total, Palace et Brentford ont chacun inscrit deux buts grâce à ces longs lancers, ce qui représente environ la moitié des buts marqués par cette méthode ce saison-là. Pour mettre les chiffres en perspective, la saison précédente ne voyait qu’un but toutes les 27 rencontres sur cette phase; cette saison, l’ouverture est à raison d’un but toutes les 11 rencontres, ce qui marque une progression spectaculaire et une adaptation rapide des adversaires à ce mode d’attaque.
Du côté des aspects défensifs, Liverpool apparaît comme l’équipe qui subit le plus de dégâts sur ces situations, avec trois buts encaissés via longues touches cette saison — un chiffre qui surpasse même Chelsea, qui a encaissé deux buts dans le même registre. Le vrai sujet se situe plus dans la gestion des secondes balles et le redimensionnement rapide après le dégagement initial, où Liverpool montre des faiblesses récurrentes et des difficultés à se repositionner efficacement après avoir touché la balle la première fois.
Les stars des longues touches
Le leader des longues touches, Michael Kaoudy de Brentford, apparaît comme la figure centrale sur ce registre, avec sept des 15 plus longues touches de la saison à son actif. La plus longue, mesurée à 38,52 mètres, intervient contre Fulham. Mais c’est son coéquipier Mathias Jensen qui détient le record d’étendue, avec une touche de 45,38 mètres face à Nottingham Forest — une frappe qui, malgré quelques rebonds, a atteint sa cible sans délai.
Du côté des chiffres d’efficacité, Chris Richards (Crystal Palace) occupe la première place avec un taux de réussite de 34,4 % (10 réussies sur 29). Suivent Nordi Mukiele (Sunderland) à 24,2 % et Kaoudy à 16,7 %. Palace, quant à lui, bénéficie d’une composition qui favorise les attaques aériennes grâce à des joueurs capables de s’élever et de gagner les duels dans l’axe des buts, complétant l’élément technique par une présence physique efficace.
À Nottingham Forest et ailleurs, on observe également des profils proportionnés et des protagonistes qui savent tirer le meilleur parti des attaques longues comme outil de mise en danger directe des défenses adverses. Quant à Newcastle, le club devrait revenir à cette option avec Tino Livramento, lorsque le joueur sera rétabli, avec un taux de réussite affiché autour de 39 % avant sa blessure et la présence d’acteurs de grande taille comme complément dans la zone dangereuse.
La question centrale demeure: s’agit-il d’une vague éphémère ou d’un retour durable d’une des plus anciennes astuces du football ? Les entraîneurs de Premier League semblent prêts à adopter cette option, soutenus par des analyses de données poussées et par la profondeur du banc lors des coups de pied arrêtés. Avec l’augmentation des buts et des occasions générées, on peut comprendre pourquoi les clubs qui ne disposent pas d’un tireur capable de franchir les 35 mètres pourraient être en difficulté à moyen terme.
Punchline 1: En football, même une touche peut faire un carton: c’est l’express qui ne prend pas de congé, et la défense qui prend la pose. Punchline 2: Si la touche devient une arme de destruction massive, préparez vos protections: vos défenseurs vont devoir investir dans des épaules solides et des nerfs d’acier!