Quand Guardiola a changé l’Angleterre : le récit inédit d’un trio qui a redéfini le football

Un regard sur une transformation

Texki Begiristain, ancien directeur sportif de Manchester City, rappelle que Pep Guardiola a dû surmonter de nombreuses interrogations lorsqu’il est arrivé en Angleterre. Malgré les doutes initiaux, Guardiola a su imposer une vision nouvelle du jeu et battre des records qui semblaient inatteignables, redessinant les repères du football britannique.

Selon le quotidien Sport, Begiristain revient sur ses 13 années à Manchester City, couronnées par 21 titres, racontées dans le documentaire Texki Begiristain: l’adieu diffusé sur Movistar. Le film réunit, autour de la table, Begiristain, Ferran Soriano et Guardiola, pour des échanges francs et riches en anecdotes.

Le génie des coulisses et les échanges

Dans le cadre du dialogue, Begiristain taquine Soriano: « j’avais envisagé l’Italie, mais j’ai choisi de rester 13 ans et d’accompagner la transition de Pep », avec une pointe d’auto-dérision sur l’étendue de son rôle et sa capacité à toujours innover. Soriano lui répond en souriant: « ce sera la première fois que j’évolue dans un club sans que tu sois le directeur sportif », se remémorant leur passé commun à Barcelone.

Begiristain évoque ensuite ses débuts en management grâce à Johan Cruyff: « je ne voulais pas être entraîneur; j’aimais repérer des talents, mais Cruyff a insisté pour que je devienne directeur sportif auprès de Laporta. Quand Cruyff est arrivé, j’étais joueur; cela a tout changé et a façonné notre vision pendant sept années. Son influence a été immense et a changé nos vies ».

Guardiola, Barcelone et les choix qui ont compté

Quant à Guardiola, le documentaire relate ses années 2003 et ses discussions autour du poste de directeur sportif à Barcelone, évoquées avec humour et une certaine distance: « avec le respect dû à Basat, je me demandais ce que je ferais en tant que directeur sportif, surtout que je n’aime pas ce rôle », plaisante-t-il. Le récit rappelle aussi le moment où il devient entraîneur de Manchester City: on lui aurait dit que sans une certaine intensité, il ne remporterait rien en Premier League, mais il a défié cette logique et a tout révolutionné, changeant même la vie du club et, comme le disent les témoins, « le pays tout entier ».

Sur les transferts marquants, Begiristain cite Fernando, ici mentionné comme l’un des exemples emblématiques d’un pari risqué mais payant, qui a confirmé la capacité du duo à viser loin et à réveiller le potentiel des joueurs. Pour Soriano, le meilleur choix n’est pas forcément le plus glamour: « Pep est le meilleur signeur de tous les temps, peut-être même le meilleur entraîneur de l’histoire ».

Des moments difficiles à Istanbul et des échos d’avenir

Le document évoque aussi des périodes particulièrement tendues: « le souvenir le plus difficile reste le match à Everton où une victoire était cruciale et où chaque décision résonnait comme une pulsation dans la tête », confie Begiristain. Mais les moments de joie ne manquent pas: Istanbul et la célébration à Southampton lors d’un 100e point marquent les esprits et les clins d’œil à Gabriel Jesus restèrent gravés dans les mémoires collectives.

En fin de compte, Begiristain explique pourquoi il est resté si longtemps auprès de Guardiola: « nous aimons avoir une vie privée loin des regards ». Guardiola répond avec son habituel sens de l’humour et de la modestie: « ce lieu est une bénédiction; personne ne m’a jamais appelé un journaliste ici ». Le trio conclut que le travail collectif et les choix partagés ont été la clé de leur réussite, même si les opinions divergent sur les meilleures signatures.

Au-delà des chiffres et des trophées, l’histoire raconte une philosophie partagée: bâtir une identité autour du talent, de la patience et de la confiance mutuelle. Begiristain et Guardiola ont, chacun à leur manière, redéfini les contours du football moderne et laissé une empreinte durable sur Barcelone et Manchester City.

Une carrière administrative remarquable

Texki Begiristain est l’un des architectes les plus respectés du football européen. Joueur rapide et intelligent à ses débuts avec la Real Sociedad, il devient ensuite un pilier de l’équipe catalane sous les ordres de Cruyff, contribuant à la construction du Barça des années 90 et à la conquête de la première Ligue des champions du club.

Après son passage en tant que dirigeant à Barcelone, Begiristain rejoint Manchester City en 2012 et associe ses compétences à celles de Soriano pour former une chaîne de décision qui a d’abord consolidé le club dans le paysage national, puis l’a hissé au sommet continental et mondial avec Guardiola. Pendant 13 ans, il a orchestré des accords clés et des recrutements qui ont façonné l’identité moderne de City, dont Fernandinho et d’autres profils emblématiques.

Depuis son départ en 2024, Begiristain demeure une référence pour ceux qui rêvent de réinventer le management sportif. Son parcours illustre comment une vision claire et une collaboration fertile peuvent transformer non seulement un club, mais tout un championnat.

Et pour conclure sur une note légère, rappelons que dans le football comme dans les bons humoristes, il faut parfois savoir improviser: quand le jeu devient trop sérieux, Guardiola répond avec un tapis rouge de tactiques; Begiristain, lui, s’en sorte comme un chef qui sait lire les adversaires dans le plan de jeu… et de vie. Enfin, si l’Europe du football lui doit une révolution, la blague du jour reste: pourquoi Guardiola ne joue-t-il jamais à cache-cache avec les journalistes? Parce qu’il est nul à se cacher derrière les chiffres; il préfère les dépasser, sur le terrain et dans les colonnes des journaux. Deux punchlines pour le prix d’une: l’avenir appartient à ceux qui savent combiner talent, patience et un peu d’ironie; et qui, surtout, savent gagner sans perdre leur humour.